Parisienne d’origine, je suis quotidiennement bercée par le bruit des klaxons, les portes du métro qui s’ouvrent et se referment et le ballet incessant des riverains pressés. Pour moi, la nature c’est le parc des Buttes Chaumont, l’eau (très verte) du Canal Saint Martin ou encore le roucoulement des pigeons sous ma fenêtre. Alors quand on m’a invité à passer une nuit dans une cabane au Village Flottant de Pressac, au sud de Magné dans la Vienne, un instant de dépaysement s’offrait à moi.
17 heures. Amarrées au milieu de l’étang de Ponteil, grand de 6 hectares, 20 cabanes en bois flottent à bonne distance les unes des autres. De loin, elles se ressemblent toutes, mais chacune est unique par sa conception, sa décoration, son histoire. Elles sont accessibles en barque ou en empruntant la passerelle depuis la berge, pour les moins téméraires. Arrivée à la Capitainerie, sorte de réception, Laurent Debiais, directeur du Village Flottant, me remet un sac à dos avec papier toilette, petite serviette éponge, bouteille d’eau et lampe frontale.
18 heures. J’ai opté pour une cabane accessible en barque pour profiter de l’aventure jusqu’au bout. Cap sur « Ange de Mer » donc, la cabane qui m’a été attribuée pour cette nuit. Une fois mon gilet de sauvetage enfilé (obligatoire), je m’installe sur ma barque et commence à ramer. Au bout de 10 bonnes minutes à tourner en rond sur l’étang (car oui, je ne sais pas naviguer), Laurent vole à mon secours à bord de son bateau à moteur et raccroche ma barque à la sienne pour m’amener à bon port. Ouf. Apparemment, une nuit dans une cabane flottante, ça se mérite.
Une fois dans la cabane, je me rends compte que malgré sa petite taille, on y est pas du tout à l’étroit. J’y découvre un lit bien douillet et une moustiquaire. Une petite fenêtre donne sur l’eau bleue. J’ai l’impression de regarder à travers le hublot d’un bateau. Laurent m’informe que la lumière dans la cabane a une autonomie de 2 heures environ. Elle se recharge grâce à des capteurs solaires, on peut même recharger son téléphone car il y a des prises USB.
Ici, pas de télé, pas de poste de radio et autres futilités technologiques. On comprend qu’on est là pour se déconnecter et profiter de la nature. Dans un coin, un petit cabinet de toilettes sèches et une petite bonbonne d’eau est à ma disposition. De quoi se laver les dents avant de se coucher. Pour la douche, il faudra se rendre à la Capitainerie, et non pas faire sa toilette dans l’étang, souligne Laurent. Entendu.
19 heures. Je sors de ma cabane pour profiter de la terrasse, assez grande, avec une table et deux chaises. Le soleil commence à se coucher sur Pressac. Le ciel devient jaune, puis rouge, puis rose. Une palette de couleur incroyable, un tableau magnifique qui nous donne l’impression, le temps d’un instant, d’être au cœur de la savane.
Le silence est d’or. Pas de bruits de voiture, pas de cris d’enfants. Seul le coassement des crapauds, le bruissement des arbres, le piaillement des oiseaux se font entendre…. Sans oublier ma faim qui, elle aussi, commence à se manifester.
20 heures. L’heure du dîner. Laurent nous a réservé la cabane-grill flottante qui ne peut accueillir que huit personnes. On prend place autour d’une table, où au centre, se loge une plancha pour y faire des grillades. Les produits proposés sont locaux. Au menu ? Viande, légumes frais, gratin de pommes de terre, tarte aux pommes et vins de la région.
23 heures. Il est temps de rentrer à la cabane, après un très bon moment passé à écouter les anecdotes de Laurent et l’histoire du Village Flottant. Je rentre dans ma cabane (toujours escortée de Laurent et sa barque à moteur) et me prépare à me coucher. La cabane tangue un peu quand je me déplace, mais pas de risque de mal de mer. Et une fois dans le lit, je ne ressens plus rien. Juste le clapotis de l’eau qui vient me bercer et me plonge au pays de Morphée.
8 heures. Le lendemain, je me lève avec la lumière du jour. J’entends au loin le bateau à moteur de Laurent et un petit bruit sur le ponton. C’est mon petit-déjeuner qui vient d’être livré dans un panier en osier très mignon. Mini viennoiseries fondantes, jus et gelée de pommes d’un petit producteur local, café fumant… Je prends le temps de déguster le tout sur la terrasse, face à l’étang encore brumeux. Si j’étais un peu plus courageuse, j’irais pêcher. Apparemment, l’étang regorge de poisson-chat, de carpes et de brochets, et depuis la terrasse de la cabane flottante, on peut s’adonner à la pêche. D’ailleurs la disposition des cabanes a été étudiée afin que chacun dispose de sa propre zone de pêche et tout le matériel nécessaire est mis en location à la Capitainerie.
9 heures. Après une douche à la Capitainerie, je remarque qu’il y a plusieurs VTT entreposés et mis à disposition des clients. Je trouve l’idée géniale de faire une petite balade à vélo pour profiter de la douceur du jour et aller à la découverte des autres cabanes flottantes au bord de l’étang. Je ressens comme un réel sentiment de liberté, d’aventure et de retour aux sources. Aucune envie de rentrer et de retrouver la grisaille parisienne. Je préfère de loin la brume de Pressac.
A part les 24 et 25 décembre où le village est fermé, des animations sont organisées pour le Nouvel An ou encore la Saint-Valentin. En hiver, pas d’inquiétudes, les cabanes sont chauffées avec des poêles à pétrole. Dormir dans une cabane flottante, loin de l’agitation touristique et au sein même de la nature, constitue un véritable dépaysement le temps d’une nuit ou d’un week-end. Vous n’en sortirez que revigorés, croyez-en l’expérience d’une Parisienne !
Informations Pratiques
Etang du Ponteil, 86460 Pressac
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