Le papier traditionnel japonais « washi » inspire les amateurs de design contemporain. Ce savoir-faire ancestral et ses déclinaisons, Makoto Kanaguchi le connaît depuis des années. Porteur d’un héritage datant de plus de 1 000 ans, cet artisan crée, au sein de l’Atelier Taniguchi Aoya, des lampes en papier washi d’Inshû, avec un procédé en 3D sans coutures. Son objectif : offrir au papier un volume à la texture lisse et homogène, avec des courbes douces qui illuminent l’espace en beauté. Venu spécialement du Japon pour partager son savoir-faire, Makoto Kanaguchi nous a présenté plus en profondeur, au sein de l’Espace Densan, cet artisanat japonais et s’est entretenu avec Mandaley pour lui livrer ses secrets de voyage.
Mandaley : Bonjour Makoto Kanaguchi, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, ou très peu ? En quoi consiste exactement le washi ?
Makoto Kanaguchi : Je suis originaire de la préfecture et région montagneuse de Tottori au Japon. Mon métier consiste à fabriquer, au sein de l’Atelier Taniguchi Aoya, des luminaires en papier washi d’Inshû (en référence à l’ancien nom de la région d’Inaba), formées sans coutures, donnant ainsi du volume à une texture lisse et homogène permettant de libérer une douce et agréable lumière. « Washi » signifie littéralement « papier japonais ». Sa particularité sont ses longues fibres qui donnent un papier rigide et en même temps esthétique.
Mandaley : Pourquoi vous êtes-vous tournés vers la pratique du papier washi, ainsi que la confection des luminaires ?
Makoto Kanaguchi : Beaucoup connaissent le papier washi comme étant du papier plus résistant et de meilleure qualité que le papier classique, mais il semble que les propriétés décoratives soient encore méconnues du grand public. Il faut savoir que le washi peut être utilisé dans nombreux domaines, notamment dans la décoration intérieure. C’est pour cela que j’ai choisi cette voie, pour le faire connaître à un plus grand nombre de personnes.
Mandaley : Peut-on dire que vous êtes un designer, compte tenu des luminaires que vous créez ? Ou préférez-vous le terme artisan ?
Makoto Kanaguchi : Je préfère le terme « Artisan », car mon savoir-faire résulte d’un héritage qu’on m’a transmis et qui existe depuis plus de 1000 ans. Cependant, j’ai collaboré avec des designers, extérieurs à l’atelier, pour mettre en avant ce savoir-faire.
Mandaley : Quelle est votre technique pour offrir au papier washi un volume à la texture lisse et homogène ?
Makoto Kanaguchi : La technique de fabrication reste un secret, c’est un savoir-faire que l’on se transmet de générations en générations, depuis près de 1000 ans. C’est un héritage ancestral qu’il faut à tout prix conserver. Cependant, le papier qui compose le papier sphérique est fabriqué avec la même méthode que le papier traditionnel.
Mandaley : Parmi vos créations, quel est votre luminaire préféré ?
Makoto Kanaguchi : Je n’ai pas vraiment de préféré, mais le luminaire qui, pour moi, est ma signature et ma marque de fabrique, est la lampe tridimensionnelle sans couture, issue de la série « Natural » que je trouve ergonomique et simple.
Mandaley : Quelle est la réelle signification du luxe selon vous ?
Makoto Kanaguchi : Le vrai luxe c’est d’aller à l’essentiel, de faire simple, tout en mettant en avant la matière, sans superflu. Le luxe c’est la facilité d’utilisation d’un objet et l’ergonomie.
Mandaley : Vous êtes venus spécialement du Japon et plus précisément de la petite ville de Tottori, pour partager votre savoir-faire et nous faire découvrir vos créations en washi. Voyagez-vous souvent à cette occasion ? Où êtes-vous allé ?
Makoto Kanaguchi : Oui, je voyage assez souvent pour partager mon savoir-faire et faire découvrir aux passionnés mes dernières créations en Washi. La dernière fois, c’était en Allemagne, lors du salon Maison & Objet. J’y ai présenté mes produits et ma collection de luminaires, et j’ai eu la chance d’avoir un stand pour être bien exposé. C’était une belle expérience.
Mandaley : Si vous avez un endroit à nous recommander au Japon ou à Tottori, lequel serait-ce ?
Makoto Kanaguchi : J’ai une préférence pour la ville de Kyoto, mais aussi pour ma ville natale Tottori. Là-bas, il y a de très bons restaurants de poissons, dans des petites rues un peu secrètes qu’il faut chercher. Mon conseil : se perdre dans la ville de Tottori et se laisser porter selon ses envies !
Mandaley : Quel est votre endroit préféré dans le monde ?
Makoto Kanaguchi : Chaque endroit a son charme, mais mon endroit préféré dans le monde est Tottori. C’est là où je me sens le mieux ! Je me déplace comme je veux dans cette petite ville : l’été je vais me ressourcer près de la mer, et l’hiver, je fais du ski dans les montagnes. Tottori possède de très belles pistes de ski, c’est un endroit vraiment magnifique.
> L’art du Washi est à l’honneur actuellement à l’Espace Densan de Paris, jusqu’au 31 octobre 2017.