Garde robe colorée, barbe blanche, et chapeau melon : Cyril Aouizerate ne passe pas inaperçu. Mais au-delà de son style dandy décalé, c’est surtout un entrepreneur hors pair. Les Mama Shelter à Paris, Marseille ou encore Los Angeles ? C’est lui. Les Mob Hôtels à Paris et Lyon ? Encore lui. Et Cyril Aouizerate est loin de s’arrêter là. Les États-Unis, les Pays-Bas ou encore le Royaume-Uni lui ouvrent les bras afin qu’il étende son mouvement MOB, véritable ode à la culture et la spiritualité. Nous avons rencontré ce philosophe, entrepreneur et hôtelier, qui ne cesse de fonder des lieux à son image.
Mandaley : Bonjour Cyril Aouizerate, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Quel a été votre parcours ?
Cyril Aouizerate : Je suis avant tout fils de typographe. J’ai vécu dans l’univers de la presse, et c’est la typographie ancienne qui a créé le lien que j’ai avec les livres, m’a permis d’être sensible aux questions sociales et éthiques. Mes études de philosophie à Paris m’ont mené à l’enseignement, mais les rencontres de la vie ont fait que j’ai mis le doigt dans des projets urbains, comme recomposer des villes, des quartiers. Cet univers m’a conduit à travailler aux côtés d’Alain Taravella, un poids lourd de l’immobilier, PDG d’Altarea Cogedim. Cinq ans plus tard, j’ai décidé qu’il était temps de voler de mes propres ailes, mais toujours dans l’urbain, cette fois dans l’hôtellerie. C’est comme cela que j’ai créé les hôtels Mama Shelter, que j’ai développé de 2001 jusqu’en 2014. Après les avoir laissés au groupe Accor Hotels, j’ai décidé de rester dans cet univers, fondamental pour moi, mais en abordant des thématiques liées à la culture, à l’enseignement et à l’écologie. Aujourd’hui, le Mob Hotel est l’un des rares hôtels à être dans le 100% bio, où presque aucun plastique n’est utilisé.
Mandaley : Justement, comment est né le concept de Mob Hotel ?
Cyril Aouizerate : Je tiens à préciser que le Mob n’est pas un concept. C’est davantage un mouvement. Tout a commencé quand j’ai ouvert mon premier lieu à Brooklyn en 2011, qui s’appelait Mob (Maïmonide Of Brooklyn). A l’intérieur, on pouvait retrouver un restaurant, des salles de lecture, de conférence, un jardin… Le Mob rassemblait une véritable communauté, créait des liens…Tous ces ingrédients, je les ai ensuite transposé dans un univers hôtelier, en créant notamment le Mob Hotel à Saint-Ouen, en banlieue parisienne, puis le Mob Hotel Lyon à Confluences. La particularité ? Pas de télévision dans les chambres. La culture se fait sur place, dans les jardins, les terrasses. Côté cuisine, on trouve non seulement du bio, mais également de la culture, car le Mob possède son propre potager.
Mandaley : Avez-vous pour projet d’ouvrir un Mob Hotel dans le centre de Paris ?
Cyril Aouizerate : On a pour projet d’ouvrir un Mob à la Gare de l’Est, juste au dessus de la gare. C’est une exception, car trouver des grands espaces au cœur de Paris, c’est compliqué, surtout au niveau du prix. Nous n’avons pas pour but de faire payer des chambres d’hôtels à des prix exorbitants, notre objectif est de faire découvrir, partager, et faire vivre des expériences à des voyageurs curieux. L’idée de s’installer à Saint-Ouen, c’était avant tout de faire découvrir les banlieues parisiennes, de casser des préjugés, et ça a marché.
Nous projetons d’ouvrir d’autres Mob Hotels à Bordeaux, Los Angeles et New York !
Michael Malapert : Architecte d’intérieur, conteur et voyageur
Mandaley : De quoi sont faites vos journées ?
Cyril Aouizerate : Je travaille sur les développements du Mob dans mes bureaux, situés à Bastille. Chaque projet est différent et demande du temps. Je suis heureusement entouré d’une petite équipe, avec qui je me réunis pour parler écologie, programmation culturelles…
Mandaley : Quelle est la signification du luxe pour vous ?
Cyril Aouizerate : Le luxe, c’est d’avoir le temps. Prendre le temps de créer un projet, de le peaufiner…Malheureusement, ce mot est aujourd’hui tellement utilisé à tort et à travers, que je ne l’emploie jamais pour définir mes hôtels.
Mandaley : Que vous apportent vos voyages ?
Cyril Aouizerate : Le voyage, pour moi, c’est avant tout une découverte intérieure, et pas tant la découverte de la ville elle-même. Ce qui est intéressant dans le voyage, c’est se découvrir soi-même à travers une déambulation dans un lieu qu’on ne connaît pas.
Mandaley : A quand remonte votre dernier voyage ? Où était-ce ?
Cyril Aouizerate : Il y a peu, j’étais à Londres, et avant ça, je me suis rendu à Tel Aviv pour quelques jours. Je me rends également souvent à Séville, car j’ai une grande fascination pour l’Art de vivre andalou.
Mandaley : Quel est votre endroit préféré dans le monde ?
Cyril Aouizerate : Le jardin d’Alcazar à Séville, l’un des lieux les plus magiques au monde. J’ai souvent fait des siestes sur les bancs du jardin, à l’ombre des orangers, comme un vértiable vagabond ! (rires)
Mandaley : Quels sont vos hôtels préférés à Paris ? A Londres ? A New York?
Cyril Aouizerate : A Paris, j’aime beaucoup La Réserve, rue Gabrielle. A Londres, je me rends souvent au Soho House Shoreditch, et à New York au Gramercy Park Hotel, qui appartient à un ami de longue date.
Camille Andrieux et Éric Fontanini, fondateurs de la marque Habile
Mandaley : Enfin, quelle est votre recette miracle pour contrer le jet lag ?
Cyril Aouizerate : L’avion est une vértiable épreuve pour moi. Je suis un peu phobique, donc je me pare souvent de grigris, de porte-bonheurs… C’est tellement une libération pour moi d’arriver, que le jet lag ne me pose même aucun problème ! En général, je suis content de toucher terre, donc j’en oublie les effets néfastes de l’avion, à savoir la fatigue, le manque de sommeil…