Styliste, designer, artiste… Jean-Charles de Castelbajac est l’un des créateurs les plus emblématiques de l’histoire de la mode. Son dernier projet en date ? Une fresque en rotonde au sein du restaurant du Domaine de Saint-Clair à Étretat. C’est là, surplombant la mer, que l’on a retrouvé celui que l’on surnomme JCDC, en pleine réalisation de cette fresque monumentale aux couleurs typiques de son univers : rouge, jaune et bleu. Rencontre.
Mandaley : Bonjour Jean-Charles de Castelbajac. Nous sommes à Étretat, au sein du Domaine de Saint-Clair, un établissement de luxe que vous affectionnez particulièrement. Pourquoi un tel attachement ? Qu’a-t-il de particulier par rapport aux autres hôtels de luxe ?
Jean-Charles de Castelbajac : J’aime énormément les lieux de villégiature. Et au Domaine de Saint-Clair, je m’y sens un peu chez moi, dans un cadre intimiste, silencieux, à l’abri de la foule. Cet hôtel appartenant à l’un de mes amis, Omar Abodib, est devenu une sorte de maison de vacances, à quelques petites heures seulement de la capitale.
Je ne sais pas si le mot luxe est particulièrement adapté au Domaine de Saint-Clair. Je dirais plutôt qu’il est chaleureux, il nous donne le sentiment d’être chez soi, tellement on y est bien accueilli. Je dirai aussi qu’il est romantique, un peu hors du temps. On y vient se ressourcer et se réchauffer près d’un feu de cheminée.
Mandaley : Que représente la fresque en rotonde que vous avez peinte au sein du restaurant ?
Jean-Charles de Castelbajac : En réalisant cette fresque, j’ai vraiment voulu renouer avec mes racines normandes. C’est une fresque narrative baptisée « Dans le sillage de deux mains » contant quelques histoires de mon enfance, mais aussi celles de mon entourage. Dans une partie de la fresque, j’y ai dessiné la mère de mon assistant, une fécampoise mariée à un terre-neuvas ! On y retrouve les mêmes couleurs primaires que j’utilise depuis 50 ans : le jaune, le bleu, le rouge…
Mandaley : Quelle a été la genèse du projet de la fresque ? Vous a-t-on donné carte blanche pour la réaliser ? Avez-vous eu des difficultés lors de la réalisation du projet ?
Jean-Charles de Castelbajac : Omar Abodib m’a donné carte blanche pour la réalisation de la fresque. Au début, j’étais parti sur l’idée de faire une fresque aux couleurs bleues et noires, les couleurs d’Etretat. Puis, petit à petit, mes couleurs signatures sont réapparues : le jaune, le rouge…
Je n’ai pas eu de difficulté particulière à la réalisation du projet. Il m’a suffit d’écouter les lieux, de me promener en bord de mer, pour puiser mon inspiration, trouver mes images.
Mandaley : Cet été, à l’occasion de vos 40 ans de carrière, vous avez inauguré votre exposition « 40 passages » à la Mannerheim Gallery à Paris dans laquelle on retrouve 40 dessins imaginés et réalisés spécialement pour cet événement. Avez-vous encore d’autres projets pour l’année 2017-2018 ?
Jean-Charles de Castelbajac : Oui, plein ! Pourquoi pas une autre fresque dans une des chambres du Domaine de Saint-Clair ! J’y réfléchis. Il y a beaucoup de choses à faire. J’ai également un livre qui sort à la BNF sur « Le Grand Armorial équestre de la Toison d’or », un livre de 1420 que je réédite avec Michel Pastoureau, et où l’on y apprend la science des couleurs, des blasons. J’ai aussi fait toutes les illustrations pour les 100 ans de Cartier, dont un travail poétique sur la montre Tank.
Mandaley : Quelle est la définition du luxe pour vous ?
Jean-Charles de Castelbajac : Il y a beaucoup de définitions du mot luxe. Aujourd’hui, dans sa terminologie, on l’associe à l’ostentation. Mais pour moi, le luxe c’est de se sentir bien, comme chez soi. Le luxe du 21e siècle, c’est l’authenticité, ainsi que la chaleur humaine, les petites attentions… Et ce que j’apprécie dans le Domaine de Saint-Clair, c’est l’expérience qu’elle offre, notamment dans la salle à manger, qui permet un voyage un peu hors du temps. Le luxe, c’est aussi le voyage, l’évasion…
Mandaley : Parlons voyage à présent…Quelle est votre tenue idéale pour voyager ?
Jean-Charles de Castelbajac : Il y a un vêtement absolument extraordinaire que j’ai créé pour le Coq Sportif et que je mets tout le temps en voyage. C’est un sweat à trois capuches tricolores, une incroyable révolution, assez confortable pour les longs vols. J’emporte également avec moi toujours un plaid, frangé, avec de jolis motifs écossais dessus, sans oublier mon livre de chevet, un recueil de poèmes de Paul Éluard. Il m’inspire énormément pour mes créations.
Mandaley : Quel est votre restaurant préféré à Paris ?
Jean-Charles de Castelbajac : Sans hésiter, Pierre Sang (55 Rue Oberkampf, 75011 Paris, NDLR) que je trouve très talentueux. J’aime beaucoup aussi Roger La Grenouille (28 Rue des Grands Augustins, 75006 Paris), un restaurant traditionnel français qui appartient à des amis de mon fils. Sinon, j’ai mes petites habitudes chez La Commedia (51 Rue Boulard, 75014 Paris), un bistrot de quartier vers Montparnasse, qui, avec le temps, est devenu mon repère.
Mandaley : Quel est votre endroit préféré dans le monde ?
Jean-Charles de Castelbajac : Ma maison dans le Gers. C’est un manoir, une demeure de famille où je me sens bien et où l’on se retrouve en famille. J’y passe une dizaine de jours quatre fois par an, et j’y peins, dessine et me ressource…
Mandaley : Enfin, quelle est votre recette miracle pour contrer le jet lag ?
Jean-Charles de Castelbajac : Je n’ai pas vraiment de recette miracle. Il suffit de bien dormir et de ne surtout pas boire d’alcool pendant le vol. Pour réussir à dormir et me relaxer dans l’avion, je m’emmitoufle dans mon plaid et sors mon recueil préféré d’Éluard.
La fresque, désormais terminée, est à admirer au sein du restaurant du Domaine de Saint-Clair, où la carte sera, elle aussi, aux couleurs de la fresque.
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