On pourrait croire que Beirut Cooks (aux éditions Rawiya) est un énième livre de cuisine, comme il en existe déjà tant. Mais cet ouvrage, réalisé par Pascale Habis, n’est pas un simple livre de recettes libanaises. Il constitue une vue d’ensemble sur Beyrouth et ses personnages. Beyrouth et sa générosité. Beyrouth et sa créativité. Et pour ce faire, quoi de mieux que de réunir différents amateurs de cuisines ?
Des chefs les plus expérimentés aux couturiers les plus prisés de la capitale, cet ouvrage représente un assemblage cosmopolite de cette ville qui renaît encore de ses cendres. Ce livre est un recueil de 120 recettes de passionnés de cuisine et est divisé en plusieurs chapitres qui portent des noms de films (« The Breakfast Club » pour la partie sucrée, « A place in the Sun » pour les recettes légères et ensoleillées…)
Découvrir toutes les saveurs d’une cuisine à l’image du pays, riche de multiples influences, généreuse dans sa diversité, tel est le but de Pascale Habis. Et c’est avec entrain que la jeune auteure nous a expliqué la genèse de Beirut Cooks .
Mandaley: Bonjour Pascale Habis, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Pascale Habis: Je suis libanaise et je vis à Beyrouth. Après avoir passé mon enfance en Angleterre, j’ai débuté ma carrière en tant que graphiste dans le milieu de la publicité à Beyrouth. Je suis également passionnée de décoration. Il y a peu, j’ai ouvert une boutique art déco au « Beirut Art Center ». Et mon dernier projet, c’est ce livre « Beirut Cooks ».
M: Justement pourquoi avoir écrit Beirut Cooks ? D’où vous est venu ce concept si convivial ?
P. H : J’avais envie de réaliser un projet un peu artistique et de parler de Beyrouth. En cherchant une idée, j’ai essayé de me poser les bonnes questions : qu’est ce que j’aime ? Qu’est ce que je sais faire ? La création, l’esthétique, le graphisme, la nourriture, les livres, les amis… Tout cela s’est retrouvé dans mon livre. J’avais envie d’écrire un livre non-traditionnel sur Beyrouth et d’y intégrer des plats venant des quatre coins du monde (d’Italie, d’Asie,…)
M: Pourquoi avoir plongé dans l’univers de ces 37 amateurs de bonne cuisine ?
P.H : Les personnes dans ce livre représentent un Beyrouth jeune d’esprit, moderne, dynamique et authentique. Des bons vivants, en somme. Ils aiment cuisiner et partager. Ils aiment faire plaisir aux autres. Et au Liban, la générosité passe avant tout par la bonne cuisine, le partage. C’est dans la culture libanaise de bien manger, d’offrir, de recevoir. Et c’est exactement ce que je voulais véhiculer à travers mon livre.
M: Comment vous ont-ils inspiré ? Quels étaient vos critères de sélection ?
P.H : Il fallait que je fasse appelle à des personnes qui cuisinent très bien et qui connaissent les produits. C’était mon premier critère de sélection. Mais il fallait aussi qu’ils possèdent une certaine aura et que ce soit des personnes qui participent a la vie de Beyrouth, c’est à dire qui s’investissent dans des projets, qui soient exigeants et perfectionnistes. Les 37 chefs et amateurs qui ont participé à ce projet nous invitent à entrer dans leur univers intime en nous offrant leurs recettes maison. De plus, la plupart des personnes qui figurent dans ce livre sont des amis, des connaissances qui ont croisé mon chemin des années auparavant. C’était un réel plaisir de les réunir dans ce livre.
M: Que représente Beyrouth pour vous ?
P.H : Pour moi, Beyrouth est comme une femme que l’on ne trouve belle dès lors qu’elle commence à parler. C’est une ville qui ne répond à aucun critère esthétique, elle est chaotique, désordonnée et même laide parfois mais elle a un charisme fou, elle est dynamique et séduisante !
M: Dans Beirut Cooks, on y rencontre des figures de l’art, de la mode ou de la déco, est-ce l’image que véhicule le Beyrouth d’aujourd’hui ?
P.H : Beyrouth représente beaucoup de choses différentes, mais oui, c’est un bel aspect de Beyrouth que l’on aimerait voir plus souvent.
M: Les recettes de Beirut Cooks sont parcourues par des influences diverses, pas typiques de la table libanaise, dites-nous pourquoi ?
P.H : C’est justement ça Beyrouth ! Des personnes curieuses et ouvertes vers l’extérieur qui ramènent le meilleur de ce qu’ils voient ailleurs sans jamais perdre leur identité. Nous sommes dans un Beyrouth moderne, pas traditionnel. Avec des personnes qui ont souvent vécu a l’étranger et qui ont gardé une grande ouverture d’esprit. Et cette ouverture d’esprit là, se retrouve dans leurs recettes.